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Charlie Vormelle - Sur le chemin ...
1 avril 2011

Une page blanche à écrire

 

Le psychiatre que j'avais trouvé s'est révélé être un véritable danger. Les deux premiers rendez-vous se sont bien déroulés, je me sentais enfin prise en charge et écoutée.
Au troisième entretien, il semblait absent, ne prenait pas de note, me laissait parler sans s'intéresser réellement, répondait à ses SMS. Quant au dernier rendez-vous, il a tout simplement été catastrophique puisqu'on s'est engueulé. Il voulait que je lui donne le détail de mes projets. Or, quand on se sent pire qu'une merde et qu'on a envie de se pendre au balcon, les projets, c'est surtout d'acheter une corde et d'écrire des lettres d'adieu à ses proches.

En plus de ça, ce connard-de-psy savait que j'avais des envies suicidaires et que je restais seule à rien faire la plupart du temps. Un tel cocktail ne l'a aucunement incité à me prescrire de médicament. Attention, je ne parle pas de toute une tripotée de médocs en tout genre, mais au moins un antidépresseur léger car ça met plus de 15 jours à faire effet. Non, que dalle ! Au bout de 4 séances, je trouve ça inquiétant.

Quand j'ai réalisé que je me mettais à pleurer en pleine rue, qu'il fallait que je me motive pour faire chaque pas supplémentaire ("Aller, encore un pas pour arriver au trottoir. Encore un pour traverser la rue …"), à trouver des raisons de ne pas me foutre en l'air ("Non, pas maintenant, tu dois aller faire des courses cet après-midi", "Pas tout de suite, ton fils va t'attendre à la sortie de l'école" …) et que je me suis retrouvée une fois allongée en pleurs par terre dans mon entrée, je me suis dit que soit je faisais quelque chose, soit j'allais vraiment y passer.

J'avais parlé à ce connard-de-psy de mon souhait de me faire hospitaliser dans un service dédié, où je serais prise en charge au quotidien, entourée, protégée et suivie, ce à quoi il m'a répondu "Vous serez enfermée avec des schizophrènes et bourrée de cachets". Merci pour le soutien.
Heureusement que j'ai insisté et j'ai pu bénéficier d'une place dans une clinique psychiatrique près de chez moi dans les 3 jours.

J'avais évidemment la trouille d'y aller, ne sachant pas où j'allais tomber et de quelle façon j'allais être prise en charge, mais c'était ça ou la mort, tout simplement.

J'ai appelé Jonathan à l'aide. Il est resté avec moi pendant 2 jours, le temps que je me fasse hospitaliser. Je l'avais simplement supplié de ne pas être ambigu, car c'était bien l'ambiguïté qu'il avait entretenue pendant un an qui m'avait plongée dans cette dépression. Il a fait très attention à ses paroles et à ses gestes et je me suis sentie moins seule l'espace d'un week-end.
Le lundi qui a suivi, j'ai pris ma petite voiture pour me rendre dans la clinique où je suis restée 8 jours.

Coupée du monde, refusant les visites mais en donnant quelques nouvelles aux rares personnes au courant de ma situation, j'ai bénéficié d'attention et d'un traitement adapté. J'ai pris tout le temps qu'il fallait pour me centrer sur moi, prendre du recul, me sentir épaulée, réfléchir à ma vie et à tout ce qui me faisais souffrir, réfléchir à cette rupture et à ses raisons, accepter la fin de cet amour, accepter d'être malade dépressive et affectivement dépendante d'un homme qui ne voulait plus de moi.

J'ai tenu jusqu'à une nuit, où, réveillée à 2h30 du matin, j'ai pleuré en pensant à Jonathan et à cet amour perdu. J'ai essayé de me rendormir, j'ai lu, j'ai regardé la télé, mais rien n'y faisait, je ne pensais qu'à lui. Au bout de 2 heures, je l'ai appelé, m'attendant à tomber sur sa messagerie.
Il a répondu au bout de 3 sonneries. J'étais en larmes, il était soulagé de m'entendre et d'avoir des nouvelles en direct et on a parlé pendant 1h30. Il était attentif et je sentais que si nous avions été côte à côté, il m'aurait prise dans ses bras. Encore de l'ambiguïté, mais quelque part, ça me faisait plaisir de ne pas lui être indifférente. Il m'a dit qu'il voulait être présent pour ma sortie 2 jours plus tard, ce que j'ai accepté.

Mardi matin, j'ai préparé mes affaires. J'ai fini mes valises, ai dit au revoir aux autres patients de l'unité et ai retrouvé Jonathan à l'accueil de la clinique. Il était là, avec sa barbe, ses beaux yeux bleus, son pull qui lui allait si bien. On s'est fait la bise pour se dire bonjour puis nous avons rejoint ma voiture. Je le sentais soulagé de me voir et de connaître l'endroit où j'avais été prise en charge. J'étais gênée et heureuse de le voir, luttant pour ne pas lui prendre la main et ne pas me jeter dans ses bras, et je me sentais soutenue, accompagnée. Je sentais sa bienveillance et sa chaleur.

Nous sommes arrivés chez moi et avons commencé à parler de tout ça, de mon séjour, du travail gigantesque et nécessaire qui m'attendait, des soins et de tas d'autres choses. Il savait que j'avais envie d'être dans ses bras car je le lui avais déjà 2 jours plus tôt, et il me les a ouverts avec bonheur.
Que c'était bon d'être sur lui, sur son torse, de sentir toute sa chaleur m'entourer et me réchauffer, d'avoir son odeur envahir mes narines, de le sentir tout disposé à me faire du bien et à s'occuper de moi.
Le canapé fut vite inconfortable et nous sommes allés sur mon lit. Nous n'étions dupes ni l'un ni l'autre, car ce changement nous menait tout droit vers une intimité.

Mais ce que j'ai vécu là est encore difficile à croire pour moi aujourd'hui. Je ne pense pas réaliser.
"J'ai envie de t'aimer encore. Je me suis trompé dans les mots, je t'aime très fort, je t'aime du plus profond de mon cœur. Je me suis laissé aveugler par la peur, j'ai rejeté mes sentiments et mon attachement. Je ne veux plus te faire de mal, je ne veux plus te voir pleurer. Je te veux à mes côtés, je veux assumer notre relation. Tu es précieuse. Je passe mon temps à penser à toi. Quand je fais quelque chose, je n'ai pas le même plaisir car je ne peux pas le partager avec toi. J'ai regardé des photos de toi, on a vécu tellement de bons moments. Je veux que tu me refasses confiance, je veux que tu m'appartiennes de nouveau …"
J'ai entendu ce que j'espérais depuis si longtemps.

Aujourd'hui, nous attendons encore avant d'officialiser notre relation car nous avons décidé de prendre notre temps, d'y aller en douceur, et surtout, j'ai changé et ma vie ne sera plus la même. Un grand bouleversement s'amorce, et même si je suis heureuse d'avoir de nouveau Jonathan dans ma vie, je reste prudente et attends simplement de me reconstruire.

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