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Charlie Vormelle - Sur le chemin ...
2 novembre 2010

Il ne me quitte pas

Je me sens un peu comme un zombie, comme si je faisais les choses sans vraiment les désirer. Je bouge, je parle, je regarde les choses et les êtres autour de moi, je mange, je dors, je m'habille, je me maquille, je conduis, je ris, je fais des projets, je regarde mon fils grandir, je plaisante, je regarde la télé, je lis ou j'écoute la radio, je danse, je baise, je séduis, je fais des courses, je glande, je fais toutes ces choses du quotidien, je fais tout ce que les gens font, mais pas un seul instant, pas une seule seconde, je ne pense pas à lui.

Quand je me couche le soir, que je suis épuisée par ma journée de boulot, je pense à lui. Allongée dans le noir, j'imagine comme je serais bien près de lui, allongée près de son corps chaud, à portée de ses bras et de sa tendresse. Je m'imagine me tourner vers lui, regardant ses yeux bleus à moitié caché par la couette. Je l'imagine me parler, me dire des mots doux, m'ordonner de me coller à lui, me réclamer un câlin ou des bisous, comme il l'a fait pendant plus de trois ans.

Je m'imagine me tortiller comme un serpent pour me jeter dans le creux de son cou, pour sentir sa barbe piquante sur mes paupières. Je m'imagine me coller si fort contre lui que mon corps le recouvre à moitié.

C'est comme ça que nous aimions nous endormir. Il me serrait fort, me berçait en posant quelques baisers sur mon front et je m'endormais comme un bébé. Dans ses bras, de cette manière, j'étais au paradis et je sais que lui aussi. Il attendait toujours que je sois endormie pour s'endormir à son tour, comme pour être sûr que, ça y est, la nuit pouvait commencer.

Je collais mes seins contre son torse, je repliais une jambe sur le haut de ses cuisses Nous nous mélangions. Il gardait cette position uniquement pour que je puisse m'endormir parce qu'il avait besoin, au bout d'un moment, de se tourner pour trouver le sommeil. Quand j'avais eu ma dose de lui, alors nous nous retournions dos à dos pour la nuit pour nous retrouver au petit matin.

C'est ce que j'imagine chaque soir dans mon grand lit froid. Je n'arrive d'ailleurs pas à utiliser tout l'espace, parce que je m'y sens perdue. Je dors toujours du côté droit et je laisse la place à gauche, comme s'il allait venir me rejoindre. C'est sa place à lui.

Après de longues minutes à le croire près de moi, je me mets à pleurer car je me rends compte que le lit reste vide, mais que surtout, Jonathan ne viendra pas. Alors je l'imagine chez lui, son grand corps fin en pyjama ou en caleçon déambulant dans la cuisine ou devant la télé, ou ouvrant sa couette pour se glisser à son tour dans son lit. Me vient alors une imagine atroce qui fait redoubler mes larmes : celle où une femme y est déjà allongée, attendant qu'il la caresse et qu'il s'étende à ses côtés. Elle lui sourit, lui lance un regard plein de désir, et lui, déjà en érection, pose ses mains sur sa poitrine.

Quand j'arrive à ces visions d'horreur, mes glandes lacrymales sont quasiment à sec. Je suis épuisée d'avoir trop pleuré et je m'endors.

Quand le réveil sonne, non seulement je n'ai pas assez dormi, mais ma première sensation, c'est celle de la douleur. Et ma première pensée, elle est pour lui. A l'heure où je me lève le matin, il est rare qu'il soit réveillé. Alors j'imagine son appartement encore plongé dans le noir, son corps brûlant et immobile dans son lit.

Je me précipite dans les toilettes, la salle de bains, la cuisine : pipi, douche, thé, puis rapidement habillée, je prends ma voiture pour aller au bureau. Je mets systématiquement la radio pour m'éviter de trop penser à lui. C'est incroyable comme des guerres, des attentats et des grèves à la SNCF peuvent aider les gens en plein chagrin amoureux.

Mais mon cœur n'est pas dupe. J'ai beau l'avoir réveillé trop tôt, lui avoir imposé les violences du matin, une fois remis, réinstallé dans mes habitudes, il se réveille en sursaut et déclenche des crises de larmes à 90 kilomètres heure.

Ma conscience professionnelle l'encourage d'ailleurs, lui rappelant que ce sont des choses qui ne se font pas en plein milieu d'une réunion ou devant un supérieur hiérarchique. J'ai donc une heure top chrono le matin pour pouvoir pleurer derrière mon volant.

Une fois la voiture garée sur le parking de l'entreprise et le badge passé devant le déclencheur d'ouverture de porte, mon cœur est anesthésié pendant près de huit heures. Mais souvent, il se réveille et me fait fondre en larmes. Cachée par mon écran, j'arrive toujours à fermer les vannes pour éviter d'avoir les paupières trop gonflées et afficher très clairement que cette grande bringue que je suis, dynamique et de bonne humeur, vient de pleurer. Ouf ! L'honneur est sauf.

Voilà comment à chaque seconde où je respire, à chaque mouvement que je fais, à chaque sourire que j'affiche, je pense à lui.

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Commentaires
A
c'est tellement ca
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